lundi 8 mai 2023

Turquie 2023 lundi 8 mai

10.5°C à 8h, couvert

Voici que nous entrons en Cappadoce. Les paysages changent et nous remarquons essentiellement deux choses:

- les couches de roches alternent en couleurs et en structure

- il y a de plus en plus de loges troglodytiques creusées dans cette roche.

Quelques explications s'imposent...

Formation géologique de la Cappadoce
La formation des paysages de la Cappadoce, région volcanique, débuta il y a dix millions d’années. En effet, les volcans Erciyes dag, Hasan dag et Göllü dag entrèrent en éruption du miocène supérieur, jusqu’au pliocène (deux millions d’années). Les matériaux projetés, constituèrent le sol actuel de la Cappadoce : laves basaltiques des volcans, poussières et cendres dans les environs constituant une couche de cent à cent cinquante mètres de profondeur, composée en outre de tuf, argile, grès, marne et agglomérat. L’alternance de périodes de calme entre deux éruptions, ainsi que l’apparition de volcans de moindre importance au fil des millénaires généra une superposition de couches de poussières plus ou moins denses
.

Cheminées des Fées, Cappadoce
1/ Les cendres et les boues des volcans ont constitué au fil des siècles une couche de tuf, pierre très tendre sur laquelle se sont superposées, au début du Quaternaire, des laves basaltiques beaucoup plus dures. Les dépôts du mont Argée (Erciyes dag) ont couvert à eux seuls une superficie de 10 000 km², sur une épaisseur variant entre 100 et 500 mètres.

2/ Sous l’effet du refroidissement du climat au quaternaire, la croûte de basalte s’est lézardée la pluie et la neige se sont infiltrées dans la couche de tuf à travers des milliers de craquelures, isolant des cônes et creusant des vallées. A une période plus sèche s’est exercée ensuite l’érosion éolienne : les graines de sable soulevés par le vent dans le lit des vallées ont exercé un effet abrasif sur les roches. La couche de tuf tendre s’est peu à peu désagrégée, surtout à l’extrémité des cônes, là où le vent est le plus violent, alors que les blocs de basalte plus durs ont mieux résisté. Ainsi se sont créés les « cheminées de fées », cônes couronnés de pierres plates, isolés ou en groupe, allure insolite.

3/ Les éléments ont sculpté aiguilles, pitons, falaises, tours, pyramides de 15 mètres à 30 mètres de haut, aux formes les plus fantastiques que l’on puisse imaginer. Les cônes érodés à la base se sont écroulés, couvrant le sol de poussière de tuf, extrêmement fertile lorsqu’il est irrigué et enrichi par la fiente des pigeons, véritable engrais naturel. Les zones dépourvues de couche de basalte sont devenues des vallées. Des canyons creusés par des petites rivières, comme ceux de Soganli et d’Ihlara, ont pris place entre des falaises aux parois verticales.

Les couleurs concentrées des différentes couches de tuf que l’on observe sur les roches correspondent aux diverses périodes de l’activité volcanique. On distingue par endroits de grands cercles tracés sur le sol qui sont d’anciens cratères. Les volcans se sont éteints au 2e millénaire av. J.C.

Les cheminées de fées ont été naturellement utilisées par les hommes comme abris naturels, garde-manger, grenier, maison… La climatisation naturelle de ces cavités garantissait un confort particulièrement apprécié des habitants de la région, chaleur en hiver, fraîcheur en été. Mais l’État instaura une taxe aux habitants de cheminées de fées en 1986, et la majorité d’entre elles sont aujourd’hui abandonnées. Certaines cheminées ont été transformées en hôtels et sont entretenues. De nombreuses autres abritent des églises et sont classées au Patrimoine mondial de l’humanité. En effet, au VIIIe siècle, des communautés chrétiennes se réfugièrent dans la région quand la guerre déchira l’Empire byzantin. Les musulmans ne les transformèrent pas en mosquées car aucune n’était orientée vers la Mecque.

On recense de très nombreux pigeonniers creusés dans ces roches dont les cheminées de fées. La raison est qu'à l'époque byzantine, la seule ressource en engrais pour enrichir les terres pauvres formées par l'érosion du tuf était la fiente de pigeon qui excellait en la matière. Le prélèvement ne s'effectuait qu'une fois par an et un commerce intense en était fait jusqu'à l'exporter.

Cette parenthèse étant établie, je peux vous raconter la suite de notre périple...

La nuit a été bonne mais une fois de plus avons été réveillé par le brayon à 4h31!


Nous partons à 9h30 avec une petite modification au parcours prévu, et, en quittant les lieux, nous apercevons la vallée au fond de laquelle nous avons passé une partie de la veille. L'anfractuosité se remarque bien sur la photo, ce qui laisse imaginer la profondeur de ce canyon de plus de 100 m.


En route, nous remarquons une fois de plus une mosquée de poche.


A Derinkuyu, nous allons visiter la cité souterraine la plus profonde et la plus vaste de la région, composée d'un dédale de couloirs, d'escaliers, de salles... c'est étroit. Ces habitations ont été réalisées par les grecs chrétiens persécutés par les romains. Les couloirs étaient équipés de systèmes de fermeture à l'aide de meules, aussi efficaces que simples et géniaux empêchant les assaillants de poursuivre plus loin. Plusieurs niveaux permettaient de scinder les animaux de la population, (jusque 20.000 personnes), les réserves de nourritures, ... Les lieux étaient très sombres et convenaient peu aux photos qu'il fallait prendre rapidement en fonction de leur fréquentation intense.












Entrée d'un côté ...

... sortie de l'autre.






Une vaste cheminée


Une meule pour condamner la galerie

Une petite pièce derrière permettait de pousser et de caler la meule.








Un passage condamné


A la sortie, nous nous dirigeons pour tenter de visiter une ancienne église grecque. Mais un huluberlu s'impose à nous tentant de nous décrire les lieux avec le peu de son savoir. Nous n'en voulons pas et faisons en sorte d'éviter ses services qui retombent sur d'autres pigeons qui nous suivent.


A midi, nous mangeons du veau Marengo, semoule et baklavas.

Une fois arrivés à la vallée de Soganli nous sommes accueillis par Yilmaz, patron du restaurant sur le parking duquel nous envisageons de passer la nuit. Il nous dit que tout est gratuit: le parking, comme toujours avec lui, mais aussi l'entrée du site, la visite et cela en raison de travaux important destinés à rehausser la qualité du site. Il parle français, même si on ne comprend pas toujours tout du premier coup, italien, anglais, ...

Nous allons visiter ce site avec les roches percées de nombreux abris troglodytiques dont quelques églises faisant la réputation des lieux. Malheureusement, elles ont été pillées et les rares peintures qui subsistent sont vraiment dégradées.

La météo est avec nous pour l'essentiel et nous nous régalons vraiment des lieux. Une fois encore l'appareil photo a un peu chauffé...











Une première église de l'époque byzantine. Les peintures sont abîmées et noircies par la suie.









Une autre église dans le même état.










Ci-dessous, une autre église dont une partie est condamnée pour cause d'effondrement.















Ne dirait-on pas une tête de tortue au caractère affirmé?












Puis voici une autre église que nous voudrions visiter. En nous en approchant, nous entendons de la musique. Quatre jeunes nanas tentent de restaurer, avec brio, les peintures abîmées. Elles nous font la visite des lieux mais nous disant que les photos sont interdites. Elles étaient drôlement sympas allant jusqu'à nous montrer sur leur portable les peintures avant et après restauration.





Cette visite nous a ravi. C'était magnifique. De retour, nous papotons avec Yilmaz. Nous espérions boire chez lui un jus d'orange, mais il ne le fait pas. Nous lui demandons un thé qu'il nous sert malgré que son restaurant soit fermé. Au final, lorsque nous voulons le régler, il nous dit que c'est sa tournée et refuse notre paiement. Et nous regrettons que son resto soit fermé car les commentaires sont très favorables et nos estomacs affamés...

Le jardin où nous avons bu le thé. Les arbres en fleurs sont des pommiers.

Il nous recommande de dire au patron du camping de Göreme que nous venons de sa part. Pour s'assurer du bon accueil, il lui téléphone et lui donne nos prénoms.




































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