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Voici que nous entrons en Cappadoce. Les paysages changent et nous remarquons essentiellement deux choses:
- les couches de roches alternent en couleurs et en structure
- il y a de plus en plus de loges troglodytiques creusées dans cette roche.
Quelques explications s'imposent...
Formation géologique de la Cappadoce
La formation des paysages de la Cappadoce, région volcanique, débuta il y a dix millions d’années. En effet, les volcans Erciyes dag, Hasan dag et Göllü dag entrèrent en éruption du miocène supérieur, jusqu’au pliocène (deux millions d’années). Les matériaux projetés, constituèrent le sol actuel de la Cappadoce : laves basaltiques des volcans, poussières et cendres dans les environs constituant une couche de cent à cent cinquante mètres de profondeur, composée en outre de tuf, argile, grès, marne et agglomérat. L’alternance de périodes de calme entre deux éruptions, ainsi que l’apparition de volcans de moindre importance au fil des millénaires généra une superposition de couches de poussières plus ou moins denses.
Cheminées des Fées, Cappadoce
1/ Les cendres et les boues des volcans ont constitué au fil des siècles une couche de tuf, pierre très tendre sur laquelle se sont superposées, au début du Quaternaire, des laves basaltiques beaucoup plus dures. Les dépôts du mont Argée (Erciyes dag) ont couvert à eux seuls une superficie de 10 000 km², sur une épaisseur variant entre 100 et 500 mètres.
2/ Sous l’effet du refroidissement du climat au quaternaire, la croûte de basalte s’est lézardée la pluie et la neige se sont infiltrées dans la couche de tuf à travers des milliers de craquelures, isolant des cônes et creusant des vallées. A une période plus sèche s’est exercée ensuite l’érosion éolienne : les graines de sable soulevés par le vent dans le lit des vallées ont exercé un effet abrasif sur les roches. La couche de tuf tendre s’est peu à peu désagrégée, surtout à l’extrémité des cônes, là où le vent est le plus violent, alors que les blocs de basalte plus durs ont mieux résisté. Ainsi se sont créés les « cheminées de fées », cônes couronnés de pierres plates, isolés ou en groupe, allure insolite.
3/ Les éléments ont sculpté aiguilles, pitons, falaises, tours, pyramides de 15 mètres à 30 mètres de haut, aux formes les plus fantastiques que l’on puisse imaginer. Les cônes érodés à la base se sont écroulés, couvrant le sol de poussière de tuf, extrêmement fertile lorsqu’il est irrigué et enrichi par la fiente des pigeons, véritable engrais naturel. Les zones dépourvues de couche de basalte sont devenues des vallées. Des canyons creusés par des petites rivières, comme ceux de Soganli et d’Ihlara, ont pris place entre des falaises aux parois verticales.
Les couleurs concentrées des différentes couches de tuf que l’on observe sur les roches correspondent aux diverses périodes de l’activité volcanique. On distingue par endroits de grands cercles tracés sur le sol qui sont d’anciens cratères. Les volcans se sont éteints au 2e millénaire av. J.C.
Les cheminées de fées ont été naturellement utilisées par les hommes comme abris naturels, garde-manger, grenier, maison… La climatisation naturelle de ces cavités garantissait un confort particulièrement apprécié des habitants de la région, chaleur en hiver, fraîcheur en été. Mais l’État instaura une taxe aux habitants de cheminées de fées en 1986, et la majorité d’entre elles sont aujourd’hui abandonnées. Certaines cheminées ont été transformées en hôtels et sont entretenues. De nombreuses autres abritent des églises et sont classées au Patrimoine mondial de l’humanité. En effet, au VIIIe siècle, des communautés chrétiennes se réfugièrent dans la région quand la guerre déchira l’Empire byzantin. Les musulmans ne les transformèrent pas en mosquées car aucune n’était orientée vers la Mecque.
On recense de très nombreux pigeonniers creusés dans ces roches dont les cheminées de fées. La raison est qu'à l'époque byzantine, la seule ressource en engrais pour enrichir les terres pauvres formées par l'érosion du tuf était la fiente de pigeon qui excellait en la matière. Le prélèvement ne s'effectuait qu'une fois par an et un commerce intense en était fait jusqu'à l'exporter.
Cette parenthèse étant établie, je peux vous raconter la suite de notre périple...
La nuit a été bonne mais une fois de plus avons été réveillé par le brayon à 4h31!
Nous partons à 9h30 avec une petite modification au parcours prévu, et, en quittant les lieux, nous apercevons la vallée au fond de laquelle nous avons passé une partie de la veille. L'anfractuosité se remarque bien sur la photo, ce qui laisse imaginer la profondeur de ce canyon de plus de 100 m.
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Entrée d'un côté ... |
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... sortie de l'autre. |
Une vaste cheminée |
Une meule pour condamner la galerie |
Une petite pièce derrière permettait de pousser et de caler la meule. |
Un passage condamné |
Ne dirait-on pas une tête de tortue au caractère affirmé? |
Le jardin où nous avons bu le thé. Les arbres en fleurs sont des pommiers. |
Il nous recommande de dire au patron du camping de Göreme que nous venons de sa part. Pour s'assurer du bon accueil, il lui téléphone et lui donne nos prénoms.
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